Incontournable
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La villa Cavrois a la particularité de détenir deux salles à manger : une pour les enfants, plus proche de la cuisine et reliée au jardin par un escalier à colimaçon et une pour les parents, attenante au hall-salon par une porte coulissante.
Bien plus spacieuse, la salle à manger des parents répond à cette nécessité de pouvoir recevoir quelconque invité dans un cadre valorisant le parc. C’est grâce à une immense baie vitrée qui ouvre sur le jardin, qu’il parvient à mettre en relation la salle à manger et les extérieurs. Il s’appuie également sur un miroir, placé au-dessus du buffet, permettant aux convives assis dos de pouvoir profiter de la vue sur la végétation environnante.
© Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux
Le raffinement de cette pièce d’apparat, par l’utilisation du marbre vert de Suède ou encore le motif orthogonal des cache-radiateurs en laiton chromé, confirme l’influence de la Sécession viennoise et entre autres, du Palais Stoclet à Bruxelles conçu par Josef Hoffmann en 1905, dont le luxe et la solennité avaient frappé Mallet-Stevens.
© Jean-Christophe Ballot / Centre des monuments nationaux
Malgré le caractère précieux du marbre, celui-ci est volontairement mis en œuvre dans une certaine sobriété : le sol et la partie inférieure des murs sont couverts de marbre de Suède coupé dans le lit, de façon à faire apparaître des motifs de « vagues ». Lors de la restitution, une attention particulière a été apportée au choix des plaques et à leur pose pour se rapprocher au plus près de l'état historique de 1932.
© Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux
Les meubles de la salle à manger sont en poirier noirci et verni. Mallet-Stevens a dessiné la quasi-totalité du mobilier de la demeure, ne faisant appel à ses collaborateurs habituels que de façon exceptionnelle. Les meubles sont pensés pour s'adapter à la fonction et au décor de chaque pièce : ici, les formes élégantes et massives soulignent la solennité de la pièce. Au milieu de la pièce, la table rééditée et les chaises d’origine sont placées sur un tapis restitué en laine, aux tons verts et beige.
© Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux
Quant aux luminaires, Mallet-Stevens fait appel à André Salomon, ingénieur éclairagiste, avec qui il collaborait déjà sur des aménagements de magasins. Ensemble, ils exploitent les possibilités de l'éclairage indirect intégré, ce qui est totalement novateur dans l'architecture domestique. Pour la salle à manger, ils conçoivent un réflecteur en staff sous lequel est fixé un long rail arrondi en aluminium poli. Les volumes du caisson créent un rythme et ainsi la lumière devient un matériau à part entière. Le dispositif pouvait d’ailleurs s’adapter à trois niveaux d’intensité selon l’usage souhaité par les propriétaires.
© Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux