Chantier

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La restauration de la villa Cavrois

De 1932 à aujourd’hui, la villa Cavrois a vécu mille et une vies. Découvrez les périodes qui ont marqué durablement son histoire et induit des restaurations successives !

Une période sombre

Devenue caserne pour les soldats allemands dans les années 1940 puis lotie en trois appartements par l’architecte Pierre Barbe à partir des années 1950, la villa Cavrois subit au fil du temps des transformations qui ont quelque peu altéré ou modifié l’état d’origine pensé par Robert Mallet-Stevens. 

La décennie d'abandon, entre 1987 et 2001, continue de bouleverser profondément la villa, qui se dégrade rapidement. Squattée, elle est vandalisée et ses matériaux précieux, pour la plupart pillés : les marbres sont arrachés, des feux de camp brûlent à même le sol, les gaines électriques rouillent et les maçonneries éclatent. Des arbres poussent même au sein de l'escalier d'honneur !

La chambre de Michel

© Droits réservés - collection DRAC Hauts-de-France

Un chantier de plus de 12 ans

En 2001, suite à son classement au titre des Monuments historiques, l’État rachète la villa et la sauve de ces délabrements persistants. Appuyée par des recherches historiques, et rendue possible par le savoir-faire d'artisans hautement qualifiés, une grande campagne de restauration débute. Ce chantier de grande envergure, unique pour un bâtiment du XXe siècle, se donne alors pour objectif de retrouver l’état d’origine de la villa en 1932.

Le hall salon, 2008

© Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux

La première phase de travaux se concentra tout d’abord sur les parties extérieures du bâtiment et le parc. Afin d’arrêter la dégradation de l’édifice et de le protéger des intempéries, la bâtisse est mise hors d’eau, grâce à un échafaudage plutôt spectaculaire. L’ensemble des éléments qui constituaient l’enveloppe extérieure du bâtiment retrouvent leur éclat d’origine. Les briques abîmées sont remplacées, les portes et fenêtres extérieures remises en état. 

Dans le parc, qui était devenu une prairie, des sondages ont permis de retrouver les tracés des allées ainsi que le fond du miroir d’eau, disparu depuis l’occupation allemande. À l’inverse, les paysagistes ont supprimé les essences plantées successivement et réintégrées celles qui avaient disparu, de sorte à remettre au premier plan les arbres plantés à l’origine, toujours présents sur site.

Le miroir d'eau, 2008

© Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux

À la recherche des décors perdus

À l’intérieur de l’édifice, les travaux recherchent avec minutie le premier état donné à la livraison du bâtiment et tentent d’effacer toute trace des modifications survenues a posteriori du projet originel. Les architectes s’appuient sur les quelques sources à leur disposition : des photographies en noir et blanc tirées d’un article scientifique paru dans le magazine 

L’Architecture d’Aujourd’hui, le relevé sur site établi par Pierre Barbe, architecte ayant intervenu à la villa dans les années 1950 et enfin des recherches archéologiques obtenues in situ par l’étude des matériaux et traces des emprises aux murs. 

Villa Cavrois, maison du gardien, recherche de peintures anciennes

© Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux

Grâce à l’analyse des éléments d’époque qui se trouvaient encore sur place – interrupteurs, appliques, cache-radiateurs entre autres –, la composition des matériaux et les techniques utilisées lors de la construction de l’édifice ont pu être confirmées et imitées.

C’est ainsi que le parquet Noël, composé de différentes essences de bois et fixé par un ciment magnésien, dont seule l’entreprise belge Jadoul est dépositaire de ce savoir-faire, a pu être restauré et leur a permis de retrouver ce savoir-faire perdu au fil des générations.

De même, les marbres, pour la plupart volés ou détruits pendant la période d’abandon, ont pu être réinstallés en faisant appel aux mêmes carrières que celles d’origine, comme le marbre jaune de Sienne du coin cheminée du hall-salon ou le marbre vert de Suède dans la salle à manger des parents.

Villa Cavrois, rez-de-chaussée, hall salon, coin cheminée, détail de l'escalier menant à la cheminée

© Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux

La restauration de la villa Cavrois

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Médiation & transmission

Difficile d’imaginer l’ampleur des travaux menés, lorsque la restauration terminée présente une villa dans un écrin des plus parfaits. La chambre des garçons est aujourd’hui une chambre témoin : laissée dans son été de délabrement, elle témoigne du passé tumultueux de la villa et permet aux visiteurs de comprendre l’intérêt et reconnaître le travail des différents corps de métier qui se sont succédés pour remettre en état le monument. 

Villa Cavrois, premier étage, chambre des garçons non restaurée

© Colombe Clier / Centre des monuments nationaux

Dans le même objectif, une matériauthèque fut constituée à partir des échantillons rassemblés tout au long du chantier. Permettant de présenter la richesse et la diversité des matériaux employés, la mathériauthèque, aménagée au sous-sol dans la cave à vins, vient clôturer le parcours de visite en mettant en regard les matériaux d'origine et ceux conçus à l'identique à l’occasion de la restauration.

Villa Cavrois, sous-sol, matériauthèque, ancienne cave à vins

© Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux