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Robert Mallet-Stevens, un architecte moderniste

Portrait de Robert Mallet-Stevens

Acteur majeur du Mouvement moderne en France, Robert Mallet-Stevens est un architecte d’entre-deux-guerres reconnu pour l’avant-garde de ses idées et de ses projets déployés un peu partout en France, de Paris à Hyères en passant par Croix.

Des débuts sous l’influence de la Sécession viennoise

Diplômé à l’École spéciale d’architecture de Paris en 1906, Robert Mallet-Stevens devient très vite influencé par les nombreux courants que la période croise. C’est ainsi qu’il se passionne pour l’architecture et le design de la Sécession viennoise  dont Koloman Moser ou encore Josef Hoffmann font partie. Ce dernier réalise d’ailleurs entre 1905 et 1911, à Bruxelles, le Palais Stoclet, du nom de son commanditaire, Adolphe Stoclet, oncle de Mallet-Stevens.

Palais Stoclet conçu par Josef Hoffmann (1905)

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Le cinéma comme terrain d'expérimentation

Au début de sa carrière, le jeune Mallet-Stevens dessine de nombreux projets d’architecture, notamment pour des magasins et commerces. Dans les années 1920, il poursuit ses expérimentations dans le milieu du cinéma et collabore sur plus d’une vingtaine de films. Le réalisateur, Marcel l’Herbier, pour ne citer que lui, lui donne carte blanche pour imaginer les décors de L’Inhumaine ou encore Le Vertige : deux ambiances où se retrouvent déjà cristallisés le prototypage d’éléments qu’il développera plus tard dans ses réalisations architecturales de grande envergure.

Un hall conçu par Mallet-Stevens pour le film Le Vertige, mis en scène par Marcel L'Herbier.
Un hall conçu par Mallet-Stevens pour le film "Le Vertige", mis en scène par Marcel L'Herbier.

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Architecte visionnaire et moderniste

Charismatique par son apparence élégante et son style dandy, Robert Mallet-Stevens séduit la classe bourgeoise parisienne et se voit confier la réalisation de plusieurs demeures qui marqueront sa carrière : une villa pour le couturier Paul Poiret dans les Yvelines en 1922, une autre pour le comte de Noailles à Hyères, dans le sud de la France, réalisée entre 1923 et 1928 ou encore l’ensemble d’hôtels particuliers - dans la rue qui porte aujourd’hui son nom - située dans le XVIème arrondissement de Paris. Dans toutes ces constructions, il déploie et revisite à sa guise les caractéristiques propres à l’architecture moderne du début du XXème siècle, créant entre elles des liens connexes parfois déstabilisants par leur extrême cohérence : lignes épurées, absence de décoration, utilisation du béton armé, des grandes baies vitrées et le recours à un certain fonctionnalisme.

L’Hôtel Martel, rue Mallet-Stevens, fraîchement achevé lors de son inauguration le 20 juillet 1927.

© Thérèse Bonney - Ministère de la Culture - France - Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

1925 : rencontre entre Paul Cavrois et Robert Mallet-Stevens

C’est à l'Exposition Internationale des Arts décoratifs et industriels de Paris de 1925, par la réalisation du pavillon du tourisme, que son travail est enfin présenté au large public, au côté des pavillons de l’Esprit nouveau de Le Corbusier et de l’URSS de Melnikov

Présent à l’exposition et frappé par tant de modernité à l’œuvre, Paul Cavrois est marqué par la découverte de cette architecture d’avant-garde. À son retour, sa décision est prise : l’avant-projet de Jacques Gréber est abandonné et c’est bien Robert Mallet-Stevens qui réalisera sa demeure familiale.

Exposition Internationale des Arts décoratifs et industriels de Paris de 1925
Jardin de l’habitation moderne. Joël et Jan Martel, Arbres cubistes, béton. Paris, Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels de 1925.

© Ministère de la Culture et de la Communication, médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine – diffusion RMN, ADAGP, tous droits réservés.

La Villa Cavrois, point culminant de l'œuvre de Mallet-Stevens

La villa Cavrois, construite entre 1929 et 1932, constitue un véritable manifeste architectural tant du point de vue de la carrière de Robert Mallet-Stevens que pour les idées modernes qui sont mises en œuvre. 

En 1929, ses différents projets amorcés lui donnent légitimité de défendre voire même théoriser sa nouvelle vision en fondant l’Union des artistes modernes, un collectif réunissant des architectes et décorateurs tels que Charlotte Perriand ou encore Le Corbusier. 

Résolument opposé au classicisme, ce mouvement prônait une totale fusion de l’art avec l’industrie, s’inscrivant ainsi dans l’avant-garde européenne au même titre que le mouvement De Stijl aux Pays-Bas et le Bauhaus en Allemagne. 

En 1935, sa carrière culmine au point qu’il devient le directeur de l’École de Beaux-Arts de Lille avant de décéder de maladie à Paris en 1945.

U.A.M. Union des Artistes Modernes. Paris: Éditions Charles Moreau, juillet 1929.

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