Geschiedenis
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Partez à la découverte des origines de la villa Cavrois et de la manière dont une exposition à Paris en 1925 a permis son émergence.
En 1911, les présidents des trois principales sociétés d’Arts décoratifs en France invitent le gouvernement à organiser une exposition consacrée aux arts décoratifs et industriels. Initialement programmée pour 1915, cette manifestation est repoussée à plusieurs reprises en raison de la Première Guerre mondiale. Elle voit finalement le jour à Paris, du 28 avril au 30 novembre 1925, comme un symbole de l’effort national de reconstruction et pour affirmer le rôle de Paris comme capitale intellectuelle, artistique, commerciale et industrielle.
L’exposition investit plusieurs sites parisiens et présente des pavillons conçus par les meilleurs décorateurs, architectes et artisans de l’époque. Elle met en avant le savoir-faire français dans les arts appliqués, le mobilier, la verrerie, la bijouterie et même la mode. À travers cette grande foire internationale, la France entend démontrer son dynamisme industriel et culturel, tout en répondant aux attentes d’un public avide de renouveau après les sacrifices de la guerre.
© DR
C’est lors de cette édition que naît officiellement la dénomination Art déco. En rupture avec les arabesques et la profusion ornementale de l’Art nouveau, les créateurs adoptent des lignes géométriques, la symétrie et des décors stylisés. Porté par l’essor des techniques industrielles et les réflexions modernistes de l’entre-deux-guerres.
L’impact de l’exposition dépasse rapidement les frontières, nombre d’artistes et d’architectes exportent l’Art déco grâce aux commandes étrangères générées par l’évènement. Ce style, d’abord ancré dans l’innovation française, se diffuse alors dans toute l’Europe, en Amérique et jusqu’en Asie, devenant l’une des signatures esthétiques majeures du XXᵉ siècle.
© Archives de Paris
À l’ouverture de l’exposition internationale de 1925, un étonnant jardin se déploie sur l’Esplanade des Invalides, mêlant haies impeccablement taillées et quatre arbres cubistes. À proximité, le pavillon du textile de Roubaix et Tourcoing, édifice traditionnel en brique rouge du Nord de la France, complète cet ensemble contrasté. Présent pour découvrir ce pavillon, Paul Cavrois assiste alors à l’étonnante démonstration du talent de Robert Mallet-Stevens : les arbres cubistes, fruits de sa collaboration avec les frères Martel, s’élancent sur près de cinq mètres, couverts de larges feuilles de béton sur un tronc géométrique.
Le visiteur en ressort parfois amusé, parfois perplexe, tandis que les caricaturistes de l’époque s’en donnent à cœur joie, croquant ces apprentis jardiniers arrosant la végétation artificielle. Certains critiques, comme Charensol, pestent contre ces « palmiers lourdement stylisés », mais les « palmiers » cubistes répondent habilement aux défis de l’exposition : rapprocher industriels et artistes pour rompre avec l’apathie créative d’après-guerre.
Le projet met en lumière les capacités du ciment armé. Avec humour et provocation, les Martel réduisent l’arbre à une abstraction géométrique, déclinée en quatre variantes de fixation des feuilles, représentant une prouesse technique : poser en porte-à-faux des plaques de ciment si fines sur un tronc aux arêtes vives.
© Librement réutilisable (CC-00) - Domaine Public
À proximité du Grand Palais Robert Mallet-Stevens élève, pour sa part, un sobre beffroi de 36 mètres de haut à l’avant de son Pavillon des Renseignements et du Tourisme. Ce beffroi est constitué de deux voiles minces de béton disposées en croix, entrecoupées à la base et au sommet par des lamelles en porte-à-faux. Associé, pour l'occasion, à Jan et Joël Martel, aux maîtres-verriers Louis Barillet, Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen, ainsi qu’à Francis Jourdain (aménagement intérieur) et Pierre Chareau (éclairage), Mallet-Stevens réalise son premier manifeste parisien d’une architecture abstraite, faite de plans et de lignes uniquement. Il accorde également une place aux arts appliqués, contrairement à Le Corbusier. En effet, l’Exposition entendait promouvoir cette union des arts, et parmi les modernistes, Mallet-Stevens est le plus proche de l’esprit Art déco.
© Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie
Le choc visuel, tout comme l'impact des arbres cubistes, a sans doute marqué l'industriel Paul Cavrois, qui a probablement eu l'occasion d'admirer ce bâtiment.
Il est avéré que Paul Cavrois, désireux de bâtir une demeure pour sa famille, avait acquis un terrain sur les hauteurs de Beaumont. Le projet de construction fut confié à Jacques Greber , un architecte reconnu, qui en élabora les plans. Le projet s'inscrivait alors dans une architecture relativement classique pour l'époque, dans un style néo-régionaliste très en vogue dans cette période-là.
Selon les témoignages, c'est en observant la maquette du pavillon de l'aéro-club que Paul Cavrois aurait eu l'idée de ce type d'architecture. Cette maquette, réalisée en 1922, a constitué un élément déclencheur.
© Reproduction Thomas Thibaut / CMN